top of page

Le futur du design organisationnel sera (est) cyber-socio-technique

Ce que Moderna nous apprend sur la transformation des organisations à l’ère de l’IA (ou ce que je retiens de l'article de Bertrand Duperrin https://www.duperrin.com/2025/05/19/fusion-rh-it-moderna-ia/


Cet article est composé de 2 parties dont vous pourrez trouver la deuxième partie très prochainement (Auriez-vous imaginé fusionné RH et IT ? )

Les conséquences sur le Design Organisationnel 1/2


Moderna a fusionné RH et IT !!! Ce mouvement spectaculaire n’est pas liée à un changement de gouvernance que l’on voit parfois au gré du jeu des chaises musicales, mais d’une rupture sur la façon de penser l’organisation.

Le contexte : Moderna a connu une croissance fulgurante pendant la pandémie de Covid-19. Cette expansion rapide a généré une forte « dette organisationnelle » : accumulation de règles, redondances, silos, ralentissements. L’entreprise devait se réinventer, pas seulement se réorganiser.

L’arrivée de l’IA générative a alors servi de déclencheur. Plutôt que digitaliser l’existant, Moderna a choisi de repenser son système de travail en profondeur. La fusion RH-IT en est la pierre angulaire : l’IA n’est plus un outil, mais un acteur opérationnel. Plus de 3 000 agents GPT ont été déployés dans toutes les fonctions, jusque dans les métiers scientifiques, administratifs ou juridiques.

Derrière cette décision, un nouveau principe fondateur : Pour chaque activité, quelle configuration [humain + IA] produit le meilleur résultat ? Ce principe (nouveau) ne modifie pas seulement les processus : elle redéfinit la manière même de concevoir une organisation. Le design organisationnel entre ainsi dans une nouvelle ère — celle des systèmes hybrides homme–machine, capables de se reconfigurer en continu.



Voici les principaux basculements que ce modèle me laisse entrevoir en termes de design organisationnel :


 1. Le travail sera défini par les tâches, pas par les métiers (vers un « Taylorisme augmenté »)

 Le découpage traditionnel par métiers, fiches de poste et structures devient trop rigide. Le futur repose sur :

  • une granularité fine des activités,

  • une analyse par tâches plutôt que par rôles figés,

  • la possibilité de redistribuer dynamiquement les micro-activités entre humains et IA.

 Le métier devient un assemblage évolutif de blocs d’activités.

 2. Les organisations deviendront des systèmes reconfigurables

Les processus linéaires et structures stables cèdent la place à des organisations :

  • Adaptatives,

  • Réactives,

  • Capables de réallouer instantanément leurs ressources (humaines ou cognitives).

Les entreprises fonctionneront comme des systèmes en déséquilibre permanent, s’ajustant aux données, à la demande et aux opportunités.

Le design organisationnel passe de la structure au flux.

 3. La collaboration humain–IA devient une unité de travail en soi

La question clé n’est plus « qui fait quoi ? » mais : « quelle combinaison [humain + IA] produit la meilleure performance ? »

Cela suppose de :

  • Définir les formes de collaboration,

  • Préciser le rôle exact des agents IA dans chaque processus,

  • Intégrer l’IA comme un co-exécutant, pas comme un simple outil.

 Le design organisationnel doit orchestrer des interactions hybrides, pas seulement humaines.

 4. Le processus de décision devient partagé et distribué

L’intégration massive d’agents cognitifs change l’architecture du pouvoir :

  • Une partie des décisions opérationnelles est prise par les systèmes,

  • D’autres sont co-décidées,

  • L’humain se concentre sur des décisions plus stratégiques ou sensibles.

 Le design organisationnel doit définir où se situe l’autorité, comment elle se distribue et selon quelles règles entre (Humains et IA)

5. Une coordination intégrée : vers l’orchestration

La coordination passe de :

  • réunions → synchronisation automatique,

  • reporting → informations intégrées dans les outils,

  • contrôles a posteriori → ajustements en temps réel.

Le design organisationnel devient un travail d’orchestration systémique, davantage qu’un alignement de la chaine de valeur.

6. Le collectif doit être repensé dans un environnement automatisé

L’automatisation modifie :

  • la nature des interactions avec des IA au milieu

  • Les espaces de collaboration,

  • la manière dont les collectifs se construisent.

  • Les sources de pouvoir dans le système humain redistribués

Le design organisationnel doit intégrer explicitement la dimension sociale, pour préserver cohésion et sens.

7. L’organisation doit intégrer la capacité cognitive comme une ressource

Avec des milliers d’agents IA :

  • le capital cognitif devient stratégique,

  • la performance dépend autant de la qualité des agents que de celle des équipes,

  • les systèmes doivent être entraînés, calibrés, supervisés.

Le design organisationnel devra intégrer la gestion du capital cognitif, au même titre que la gestion des talents.

 

Conclusion : l’organisation devient un système cyber-socio-technique

Système Cyber-Socio-Technique

Le cas Moderna montre que le design organisationnel du futur ne porte plus sur la structure ni sur les processus, mais sur la construction d’un système hybride combinant humains, technologies et flux cognitifs.

Ce n’est pas une évolution. Ce n’est pas un ajustement. C’est un basculement vers une vision nouvelle des organisations.

 
 
 

1 commentaire

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
e2pi31
13 nov.
Noté 5 étoiles sur 5.

En écho à votre article passionnant : Récemment aux états unis certains CFO ont mis en place deux lignes proches dans la comptabilité des OPEX : les human OPEX et les silicon OPEX facilitant la fongibilité de l'un sur l'autre. Le "Silicon OPEX" finançant les couts de Run d'IA contre le "Human "OPEX les couts des Ressources humaines

Modifié
J'aime
bottom of page